- pictographie
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⇒PICTOGRAPHIE, subst. fém.LING. Système de communication graphique utilisant des dessins figuratifs; ensemble de dessins figuratifs ainsi utilisés. La pictographie même rudimentaire, telle qu'elle existait et existe encore chez les Peaux-Rouges où Schoolcraft l'a fort bien étudiée, a probablement été partout le point de départ de l'écriture proprement dite (A. DE QUATREFAGES, L'Espèce humaine, 2e éd., 1877, p.327). Les signes aztèques ne sont que partiellement des pictographies; certains sont purement conventionnels, quels qu'ils fussent à l'origine. Les Égyptiens et les Sumériens de Babylonie qui partirent aussi de la pictographie parvinrent à une écriture complète entre 4000 et 3000 avant notre ère. Ces deux peuples, les Babyloniens en particulier, stylisèrent leurs pictographies (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.214). Historiquement certes, il est légitime d'affirmer que l'écriture naît de l'évolution de la pictographie vers une forme de plus en plus conventionnelle. Mais en principe, la pictographie n'a pas de rapport avec la langue, quoiqu'elle puisse utiliser des références linguistiques (ALARCOS-LLORACH ds Langage, 1968, p.520).REM. Pictographique, adj. a) Qui relève de la pictographie. Jusque vers 2500 av. J.-C., les hiéroglyphes égyptiens inscrits sur les monuments sont pictographiques; les dessins, représentant des êtres animés ou des parties de ces êtres, des végétaux, des objets, etc., sont peu schématisés. Les signes pouvaient aussi représenter des actions ou des sentiments: le dessin d'un homme portant la main à la bouche signifiait manger ou avoir faim (Ling. 1972, s.v. écriture). b) Qui rappelle la pictographie. Ce familier de l'«écriture pictographique» (W. Burroughs) doit aussi beaucoup aux hiéroglyphes (Le Nouvel Observateur, 24 oct. 1984, p.116, col. 2).Prononc.:[
]. Étymol. et Hist. 1860 (Abbé E. DOMENECH, Manuscrit pictographique amér., Paris, Gide, 1860, p.39). Comp. de picto-, du rad. du supin du lat. pingere «peindre, représenter par la peinture» et de -graphie (élém. formant -graphe, -graphie, graphique), prob. d'apr. l'angl. pictography (1851 ds NED), dér. de pictograph «pictogramme» (notamment chez les Indiens d'Amérique du Nord, v. NED). Bbg. DUB. Dér. 1962, p.50 (s.v. pictographique).
pictographie [piktɔgʀafi] n. f.ÉTYM. 1877; Quatrefages, in Littré, Suppl. (angl. pictography, 1851); dér. sav. du lat. pictus, et -graphie. → Pictographique.❖♦ Didact. Système de notation pictographique, par un code de dessins reconnaissables. ⇒ Pictogramme.1 Le dessin, en une ou plusieurs couleurs, peut être utilisé, en dehors de son intérêt ornemental, esthétique, à des fins intellectuelles. On parle alors de pictographie et de pictogrammes (de la racine latine signifiant « peindre » et de la racine grecque signifiant « écrire »)… L'emploi développé de la pictographie se rencontre surtout chez les populations de chasseurs et de pêcheurs-navigateurs, à groupements homogènes relativement denses ou pratiquant sur des domaines assez étendus des relations régulières de groupe à groupe.Marcel Cohen, l'Écriture, p. 16.2 Il est, d'autre part, facile de concevoir un système qui aligne trois traits et le dessin d'un bœuf, sept traits et celui d'un sac de grain. Dans ce cas, la phonétisation est spontanée, la lecture proprement inévitable. C'est probablement la seule forme de pictographie qui ait existé à l'origine de l'écriture.A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. I, p. 280.
Encyclopédie Universelle. 2012.